Partir sur les traces des humanistes de la Renaissance n’est pas forcément une perspective enthousiasmante quand on est né en l’an 2000 et qu’on se sent bien dans son époque… C’est pourtant ce que les professeurs des classes de 1ère ESL et L1 ont proposé à leurs 60 élèves les 17 et 18 novembre 2016.

Et ma foi ils ne sont pas revenus mécontents de l’aventure !

Pour bien se représenter ce que fut l’Humanisme de la Renaissance, rien de tel en effet qu’une immersion dans les lieux qu’hantent encore les fantômes de Ronsard, Rabelais et François 1er

La première étape fut le Prieuré de Saint-Cosme, dont le poète et humaniste Ronsard fut le prieur et où il écrivit ses derniers vers avant de mourir…

Je n'ay plus que les os, un Squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé,
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son fils deux grands maitres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m'a trompé,
Adieu plaisant soleil, mon œil est estoupé,
Mon corps s'en va descendre où tout se désassemble.

Quel amy me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,

En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu chers compagnons, adieu mes chers amis,
Je m'en vay le premier vous préparer la place.

Après une nuit passée dans le cadre prestigieux de l’abbaye de Seuilly, rendue célèbre par le personnage de Rabelais, frère Jean des Entommeures, ils ont suivi le chemin qui mène à travers champs de l’abbaye à la demeure de Rabelais, La Devinière.

Enfin ils ont emboité le pas de François 1er, déambulant dans son château gargantuesque de Chambord : 426 pièces, 77 escaliers, 40 logis indépendants… Ce château, dans lequel le monarque ne fit que quelques brefs séjours, et qui ne fut pas comme on l’a longtemps cru un rendez-vous de chasse, est une énigme… Mais quand on sait qu’il inspira Rabelais pour son utopie de Thélème dans les derniers chapitres de Gargantua, on se surprend à penser que Chambord n’a peut-être été qu’une tentative pour représenter la cité idéale…

Sans oublier le spectacle donné au Centre Dramatique Régional de Tours auquel ils ont assisté la veille au soir: deux vaudevilles de Labiche, La dame au petit chien et Un mouton à l’entresol. Le vaudeville de Labiche a la réputation de n’être rien d’autre qu’un divertissement pour bourgeois bien-pensants… Mais la mise en scène de Jean Boillot leur a fait découvrir que ce théâtre pouvait montrer la folle bestialité qui se cache en l’homme, bourgeois ou non !

Ils sont rentrés épuisés, crottés, mais éblouis, se disant que finalement ces humanistes d’il y a cinq siècles ne sont pas aussi éloignés d’eux qu’il y paraît…